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25 décembre 2007

Parce que tu es mort...

ange_3J’en pleure encore la nuit, tu sais.
Je réalise toujours pas, ça fait plus de cinq mois aujourd’hui et je m’attends toujours le matin en me réveillant à te voir assis sur mon canapé en train de boire un café en regardant des trucs débiles à la télé avec mon père.
Lorsque quelqu’un frappe à la porte, je m’attends à ce que ce soit toi qui appuie sur la poignet qui pousse la porte et qui rentre avec ta petite chemise rose.
Lorsque le téléphone sonne, je m’attends à entendre ta voix au bout du fil…
En arrivant à la maison, je m’attends toujours à y voir ta voiture, ton camion.
Je me souviens de ta chemise rose, de ton manteau Magdunoise, je me souviens de tes chaussures bateau, je me souviens de tes spartiates, de tes vieilles casquettes sans forme, je me souviens de tes cheveux coiffés en couronne pour cacher le haut de ton crane chauve, je me souviens de mains sèches.
Je me souviens t’avoir choisi comme parrain, parce qu’ils nous avaient demandé de choisir quelqu’un en qui on avait confiance et qui serait toujours là pour nous, maintenant que t’es plus là, qui sera la pour moi ?
Je me souviens de ce matin, j’étais encore dans mon lit, je ne dormais plus, mais je t’entendais parler avec mon père et un autre homme, alors j’étais resté dans ma chambre. Je me souviens de ce premier coup de téléphone, c’était ton dernier fils, il voulait que mon père vienne vite, mais il n’était pas là, alors c’est ma mère qui est parti chez toi.
Je me souviens de cet autre appel ou on nous apprend que tu as eu un accident. Je raccroche, je me retourne vers Sébastien et je lui dis «  C’est rien, on va aller le voir à l’hôpital et on se moquera de son crane chauve. » je préviens mon père, il n’est pas inquiet, ça ne peut être rien de grave.
Je me souviens de ce dernier appel, le silence de ma sœur au bout du fil. Je lui demande ce qui se passe, et je l’entends pleurer et là je sais… « Gaby… Régis…il est mort »
Je raccroche, je me retourne vers mon frère et je m’effondre dans ses bras.
Je me revois traversant la ville, mon coffret de Buffy dans les bras… Tous les matins, je me lève et j’espère que ce n’est qu’un rêve…
Je me souviens de ta chemise rose, de tes mains sèches, de ton visage bandé. Je me souviens de ton corps inerte dans cette boite en bois…
Le matin quand je me lève, il n’y a personne assis dans mon canapé, personne derrière la porte, personne au bout du fil, personne garé devant chez moi… Parce que tu es mort…

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Commentaires
A
La première phrase de ton hommage, je suis restée en extase devant. Je veux po te balancer des "oh ma pauvre chériiiiiiiiiiie viens voir tatie Alix qu'elle te sert bien fort" djà c'est pas mon genre je suis trop nulle pour ça, et puis cette histoire, c'est un pan de ta vie où je n'ai pas ma place, j'ai une philosophie de la vie, la mort et comment l'appréhender propre que j'ai déjà présenté dans un précédent commentaire, et toi tu as la tienne. J'ai donc dit ce que j'avais à dire.<br /> <br /> Et je lis ce texte en sachant que de son sens profond, je ne dirai rien, alors je me centrerai sur la seule chose que j'ai su faire et faire bien avec toi : la critique de texte !<br /> <br /> La première phrase donc, je n'ai à te parler de celle-là, car elle est tellement belle. Elle doit être l'accroche d'un texte, c'est important, même pour un roman, la première phrase fait tout, plus elle est belle, et plus le lecteur voudra lire la 2e, la 3e phrase. Elle doit savoir donner le ton sans donner la couleur (la nuance est dans le fait qu'elle dit comment tu écris, sans dévoiler ce que tu écris... sauf dans de rares cas).<br /> <br /> Et ta 1ere phrase m'a fait l'effet d'un véritable electrochoc. Elle est tellement dure, tu sais, je vois l'innocence qui berce un couteau (Emilie, pour m'autoquoter, on n'est jamais mieux servi que par soi-même). On se sent tellement con devant cette phrase, tellement petit, dans le sens inutile, c'est comme voir un père battre un enfant, être là et ne rien pouvoir faire. Je vois de longues traînées de mascara et des yeux tout en puissance qui vous regardent emplis de haine, et c'est dur, mais c'est tellement, tellement d'émotion !
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